Cette exposition est terminée
Tammi Campbell, Nicolas Lachance, Francine Savard & Yoshihiro Suda
Les œuvres rassemblées dans cette nouvelle exposition font appel à une variété de matériaux et à des procédures de réalisation très élaborées basées sur la répétition. Tammi Campbell, Nicolas Lachance, Francine Savard et Yoshihiro Suda élaborent des ensembles d’éléments qui se présentent comme des archives personnelles tablant sur la richesse inhérente de la couleur, de la texture et de la forme.
Tammi Campbell est à la fois archiviste et illusionniste. Par une sorte d’énigme visuelle, elle a reproduit les tableaux d'Ellsworth Kelly et de Barnett Newman, les recouvrant de papier bulle et de carton entièrement composés de peinture acrylique. La dissimulation des toiles nous rappelle leurs présence physique - une qualité importante pour Kelly et Newman - et bien que Campbell ait principalement couvert les rouges vibrants de Vir Heroicus Sublimis de Newman, la présence des rubans d’emballage en forme de « zip » active les fantômes du modernisme avec révérence et humour.
Pour sa grande installation, Nicolas Lachance a moulé plusieurs étagères industrielles désaffectées dans une pâte de papier aux tons violets. Les étagères rappellent un temps révolu à Montréal, lorsque les entreprises textiles occupaient l’édifice de son atelier sur l’avenue du Parc. Striés et imprégnés de rouille, les panneaux de divers tons de violets sont juxtaposés pour composer une immense murale dont le rythme est établi grâce aux éléments répétitifs de la forme qui joue comme motif. Le travail de Lachance est souvent hanté par l’application successives de multiples couches de matière et couleur qui, peu à peu, révèlent ce qu’il y a à voir.
La pratique de Francine Savard est une histoire d’amour avec l’histoire de l’art et se concentre souvent sur les éléments formels qui définissent le canon. Dans cette exposition, une toile verte « shaped canvas » fait référence à un fragment d’une des compositions abstraites de Fernand Leduc datant des années soixante-dix. Superposée à une bribe de texte d'un essai sur l'œuvre de Leduc, la forme de la peinture pose la question des possibilités du langage à transmettre de manière adéquate une expérience visuelle. Ailleurs, les deux grandes grilles de Savard déclinent une sublime exploration de la couleur rouge. Les boîtes colorées font écho aux volumes de Donald Judd où les jeux d’ombre créent des ambiguïtés visuelles.
Grâce à ses exceptionnels talents de sculpteur, Yoshihiro Suda met en jeu des aspects millénaires de la culture japonaise dont la vénération de la nature et la manière dont elle est représentée. Petites et délicates, les plantes en bois de magnolia de Suda, méticuleusement sculptées et mis en scène discrètement dans l’espace d’exposition, font aussi référence à l’implacable devoir de perfection qui imbibe les pratiques nippones.
In this new four-artist exhibition, Tammi Campbell, Nicolas Lachance, Francine Savard, and Yoshihiro Suda demonstrate the unexpected rewards of viewing formalism through a rationalist lens. Blending painting, sculpture, and photography, each of the artists constructs their personal archive of history and memory, revealing the rich meaning inherent in colour, texture and form.
Tammi Campbell is both archivist and illusionist. Here, in a visual riddle, she has reproduced Ellsworth Kelly and Barnett Newman paintings, covering them with bubble wrap and cardboard made entirely of acrylic paint. The concealment of these canvases reminds us of their physicality - a quality Kelly and Newman prized in their work. Though she has mostly covered the thrumming reds of Newman’s Vir Heroicus Sublimis, her zip-like masking tape summons, with reverence and humour, the ghosts of modernism.
For the largest installation of his career, Nicolas Lachance has cast, in violet-hued paper pulp, several disused storage shelves. The shelves recall a former era in Montreal, when textile companies occupied his Park Avenue studio. Embossed with striations and impregnated with rust, the purple panels explore the memory of materials. Lachance’s work is often haunted by his various phases of colour application and marked by assiduous repetition. Here, his layered patinas pervert the materials beyond easy recognition, revealing and disguising in equal measure.
Francine Savard’s practice draws heavily from art history, often homing in on the formal elements that define the canon. In this exhibition, a shaped green canvas refers to a fragment from one of Fernand Leduc’s paintings. Superimposed with text from an essay on Leduc’s work, the painting questions whether language can ever adequately convey a visual experience.
Elsewhere, Savard’s two large grids of russets, crimsons and vermillions are a sublime treatise on redness. The Judd-like boxes cast shadows on one another until what might have been an instructive colour chart throws red into question, perplexing as much as it enthralls.
Through his exceptional carving ability, Yoshihiro Suda underlines longstanding aspects of Japanese culture, including traditional Japanese painting’s reverence for and imitation of the natural world. Tiny and delicate, Suda’s deftly-carved blossom assumes the burden of perfection, dawning on the viewer much as plants bloom and as the piece itself was made – very slowly, very delicately.