Du 1er avril au 1er mai 2021

ENTRÉE – JOUEUR / ENTER - PLAYER
Michelle Furlong

Les lignes et les chiffres définissent les règles. Les torsions dirigent les mouvements pour y entrer. Quelques outils à ramasser. Des corps qui seront modifiés. Inter”play” de Michelle Furlong nous invite à adopter l’état d’esprit du jeu, celui où ses gestes répétitifs ainsi que ceux du sport et du rituel suggèrent une nouvelle possibilité pour construire le monde autour de règles, de compétences et d’un arsenal. Les jeux tels que nous les connaissons s’effondrent en même temps qu’une réimagination presque maniaque des futurs. C’est le jeu qui nait en nous. Ces espaces de transformation nous sont familiers :

Le mouvement fluide de l’as du billard.

Vos statistiques moyennes au bâton.

Les rythmes d’une cérémonie de percussions.

Danses, marches, coups de poing, swings, coups de pied, prises, lancers, roulades,

Votre avatar, vous en réalité, vous surpasse.

Les matériaux utilisés pour jouer sont des outils transformés en bâtons ou des choses que l’on aimerait fracasser : des baguettes de tambour, le gazon vert et rugueux d’un terrain de soccer, nos crampons qui s’enfoncent, la boule blanche qui fonce sur la surface verte et veloutée.

Il y a aussi les gestes extirpés des mains. Les effets somatiques des corps agissant ensemble sans qu’on leur ait demandé, les pas de la danse dans vos bras et dans vos jambes, le rythme d’être et de devenir ensemble. 

Un masque de receveur.

Gants et chandails.

Le marquage des pieds, sacré ou carnavalesque.

Le jeu a une mise plus importante, alors que nos mémoires ancestrales et corporelles entrent en jeu. Elles ricochent vers l’extérieur sous forme de son, d’énergie, de protestation, de filets ou de murs détruits. Parfois, le jeu consiste à franchir une frontière vers un autre lieu, un non-lieu où il y a une liberté, personne ne le connait sauf nous. Toucher ses murs. Le cartographier et le rêver à nouveau. Alors au moins nous savons que c’est possible.

Michelle nous demande d’explorer d’autres façons d’être dans le monde. Déposer nos armes. Plier notre main. Laisser toutes les facettes de tous les jeux auxquels nous avons joué travailler sur des plans simultanés de notre conscience. Ensuite, les mélanger. Éparpiller le Yi Jing. Nous frayer un chemin à travers eux jusqu’aux parties désassemblées et brisées – prédire l’inconnu ? Ne serait-ce que pour commenter ce qui est à venir.

Les yeux sur le terrain, des signes de la main au receveur.

Sautiller, tomber, chanter.

Une quête pour le profit et l’extraction.

Une certaine transe nous envahit,

Parfois avec violence.

Une quête qui dépasse nos limites.

Rappelez-vous « J’ai rêvé d’un millier de terrains de basketball, rien n’est plus saint que le sport. »*

Texte de Alisha Piercy (traduction : Catherine Barnabé)

* Paroles de « K-Hole » par Cocorosie


Lines and numbers mark the rules. Twists direct the motions to get into. Some tools to pick up. Alternate bodies to become. Michelle Furlong’s Inter”play” invites us into the mindset required for  “play” where the repetitive gestures of game, sport, and ritual suggest a new possibility around rules, skillsets and armory for world-building. The games as we know them collapse alongside an almost manic re-imagining of futures. This is the play that is forming inside of us. These spaces of transformation are familiar: 

The pool shark’s flow. 

Your batting average stats.

The pulse of a drumming ceremony. 

Dances, marches, punches, swings, kicks, catches, throws, rolls.

Your avatar is really you, out-gaming you.

The materials for playing with play are tools reshaped into wands, or things we might like to smash: drumming sticks, the scratchy green turf of a soccer field, our cleats digging-in, the cue ball careening across a green velvet surface.

There are also the gestures that wring from the hands. The somatic effects of everyone’s body acting together without being told to, the steps of the dance in your arms and your legs, a frequency of being and becoming together.

A catcher’s mask.   

Mitts, gloves, and jerseys. 

The stamping of feet, sacred or carnivalistic.

The game has a higher stake as our ancestral and bodily memories enter the game. They ricochet outwards as sound, energy, a protest, nets or walls torn down. Sometimes the game is about stepping over a boundary into another space, a non-space where there is freedom, no one knows but us. Touch the walls of it. Map and re-dream it. So at least we know it’s possible. 

Michelle asks us to explore other ways of being in the world. To drop our weapons. Fold our hand. Let all the faces of all the games we’ve played work on simultaneous planes in our consciousness. Then shuffle them. Scatter the I Ching. Pick our way through them towards the disassembled, ‘broken’ parts — divining the unknown? If only to comment on what is to come. 

Eyes on the field, hand signals to the catcher.

Skip, fall, chant.

Quest for profit and extraction. 

A certain trance overtakes us, 

Sometimes with violence. 

Quest beyond our limits. 

Remember, “I dreamt one thousand basketball courts. Nothing holier than sports.”*

—Text by Alisha Piercy

*Lyric credit: Cocorosie “K-Hole”

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